Eric Alibert
Un peintre naturaliste, auteur de nombreux livres consacrés aux grandes régions naturelles de la planète, également graveur et sculpteur. Né en 1958 en France, installé à Genève, Éric Alibert est médaillé d’or des artistes animaliers français, lauréat de la Fondation de la Vocation, membre de la Guild of Natural Science Illustrators des États-Unis. Ses œuvres peintes recourent à diverses techniques, dont l’aquarelle, l’encre, le dessin et la peinture à l’huile et acrylique. Certaines œuvres de grande dimension utilisent également la feuille d’or. On peut appliquer à cet artiste la phrase de Cézanne: « Ce n’est pas tant la nature qui m’intéresse que les forces de la nature. »
En contemplant et en étudiant les animaux, la flore et le paysage, Éric Alibert fait partager un regard à la fois poétique et réaliste sur le monde sauvage – un regard qui interpelle l’homme et son comportement souvent irresponsable face à l’environnement, car devenu insensible. Quelques magnifiques portraits d’habitants des régions visitées ou détails du patrimoine historique prolongent et complètent l’évocation du monde de la montagne ou du désert. Certaines inspirations orientales tout comme l’influence de l’abstraction lyrique donnent à ses représentations de la vie sauvage, avec ses formes et ses rythmes, une intensité et une profondeur singulières. Le trait comme les couleurs magnifient le fruit de l’observation patiente, à la fois en le ramenant à l’essentiel et en le projetant vers un ailleurs.
Ses œuvres ont fait l’objet de plusieurs expositions, notamment aux Musées d’histoire naturelle de Genève et de Paris. Elles sont présentes dans des collections publiques et privées. La nature est issue de forces contradictoires dont nous ignorons les enjeux. Nous sommes une part de cette harmonie sauvage. Nous l’aimons et pourtant nous la détruisons. Peindre la nature, c’est non seulement témoigner de son exceptionnelle richesse et beauté, mais c’est aussi s’interroger sur la relation que nous entretenons avec elle. Existe-t-il une culpabilité ancestrale à cataloguer le vivant, comme si nous appréhendions la proximité inéluctable de są perte?
Je suis allé dans la nature pour peindre l’arrivée de la nuit. Quelquefois dans des lieux connus, comme face au Salève, ou dans des lieux plus « pauvres », comme un simple chemin de terre ou un buisson près de la rivière. Le protocole est toujours le même. Je m’installe avec les derniers rayons du soleil et je peins une série d’aquarelles ou d’huiles jusqu’à la tombée de la nuit. Comment « voir » un monde qui disparaît ? Qu’est donc ce que nous nommons le réel ? Et comment notre imaginaire prend-t-il le relais pour construire une « autre réalité » ? E.A